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La revue de l'imaginaire
20 août 2019

Entretien avec Jann Halexander : où l'on cause de la mort, de l'enfance, de la rentrée et d'un potiron...

Par J

#pop JANN HALEXANDER - REQUIEM POUR DEWAERE #new ♫

 

La revue de l’imaginaire reprend du service après une petite pause estivale ! C’est la rentrée pour tout le monde, et aussi pour les artistes. Le chanteur Jann Halexander nous parle de son actualité et de ses projets.

 

Tu as sorti cet été une version remixée de « Requiem pour Dewaere » et puis le réalisateur Jolyon Derfeuil t’a fait la surprise d’une vidéo sur la chanson « Aucune importance ». Une petite question sérieuse pour commencer cette interview, tu parles souvent de la mort dans tes chansons : a-t-elle aucune importance ou bien faut-il célébrer les disparus ? Comment combines-tu ces deux attitudes face à la vie, face à la mort ?

 J'ai écrit 'Aucune Importance' après le décès de ma grand-mère en 2011 et en réaction à Jacques Brel qui disait que dans le fond rien n'a d'importance. Mais évidemment, quand on écoute la chanson, on comprend, je l'espère qu'il ne faut la prendre au premier degré. Même si je réalise en fait depuis peu la charge violente du texte. Mais ce qui est sûr c'est que si ce que je décris dans la chanson n'avait vraiment aucune importance...et bien je n'aurais pas écrit la chanson tout simplement. Faut-il célébrer les disparus ? Célébrer est un grand mot. Mais ne pas les oublier c'est sûr. Même si fondamentalement, il faut aimer les gens de leur vivant. C'est pourquoi reprendre des artistes c'est périlleux. Surtout quand ils sont morts, le risque est que cela ressemble à un hommage pompeux. Heureusement comme j'ai un répertoire assez solide maintenant, je peux me permettre par exemple de mélanger les chansons de Pauline Julien aux miennes, ça passe, ce n'est pas un hommage simpliste et...et puis je crois qu'il y a cette question de la transmission, du relais, on passe le flambeau. Il y a une dimension symbolique mais la vie est faite de symboles.  J'ai beaucoup cité ici et là des chanteurs, mais pas que, décédés pour la plupart, je ne viens pas de nulle part, il y a eu eux avant nous et ainsi de suite. Ce qui me désole le plus à vrai dire ce n'est pas l'oubli collectif car après tout c'est peut-être dans la nature des choses. Les sociétés sont en mouvement. Non ce que je trouve affreux c'est ces hommes, ces femmes qui ont chanté, écrit, fait de la scène et quand ils décèdent, leurs proches font comme si tout cela n'avait pas existé, ne préviennent pas le public, les médias ou la sacem ou que sais-je encore. C'est une seconde mort et je trouve cela insupportable. 

 

On t’a vu auparavant en potiron chantant dans un court-métrage destiné aux enfants, quel rapport continues-tu d’entretenir avec l’enfance ? Est-ce important de garder une part d’enfance pour créer ?

 

Si on m'avait dit un jour que je serai un potiron ! J'ai horreur des légumes. Mais j'ai apprécié de jouer un légume avec les Tontons Rigolos qui avaient déjà mis en image 'L'éléphant du destin', un résultat très beau touchant. Petit, j'écoutais beaucoup des bandes originales des dessins animés Disney. Il ne faut surtout pas oublier l'enfant qui est en nous. Il y a une scène que j'ai détestée dans le film d'animation Vice Versa c'est la disparition de l'ami imaginaire. Le message  implicite serait qu'oublier l'ami imaginaire permet peu à peu de devenir adulte. C'est terrible. Il faut se souvenir de ses amis imaginaires. Ne pas être prisonnier de ces amis, et de l'enfance, certes mais ne pas oublier. C'est aussi parce que des millions de gens oublient leur enfance que le monde dans lequel nous vivons a des aspects assez médiocres. Il n'y a rien de glorieux à être adulte. Par contre je ne suis pas, je l'admets,  branché chansons pour enfants même si des artistes comme Aldebert font des choses remarquables. 

 

 

Tu collabores souvent avec d’autres artistes. Est-ce selon toi une nécessité de collaborer et quels sont tes futurs projets croisés ?

C'est un choix et une nécessité. On s'enrichit au contact des autres et quand on fait une carrière longue, cela donne un élan. Je ne pense pas que j'aimerais proposer les mêmes tours de chant, seul au piano, comme c'était le cas il y a quelques années. Maintenant, il faut que les collaborations avec les autres artistes soient sincères, sinon ça ne marche pas, le public le sent d'ailleurs et on va droit dans le mur. J'aime ça, travailler avec d'autres artistes, participer à des co-plateaux etc. Le 5 octobre, je partage la scène du beau théâtre Monsabré à Blois avec la chanteuse gabonaise Tita Nzebi. Nous allons proposons le spectacle 'Gabao sur Loire' dans une salle de 250 places et j'ai hâte d'y être. Le 11 octobre, c'est un co-plateau avec le chanteur Claudio Zaretti, pour qui j'ai un immense respect, son style, sa voix, ses musiques. Et évidemment il y aura le spectacle 'Du Gabon à la Russie' en novembre prochain à Paris, pour les prolongations. C'est enthousiasmant. Même si en 2020, je ferai un spectacle solo dans un théâtre parisien. 

 

 

L’été marque une pause pour tout le monde. Malgré tout tu as réussi à garder une actualité. Comment abordes-tu cette rentrée ?

 Oui c'est étonnant en effet par rapport à d'autres étés, au final il s'est passé beaucoup de belles choses. La rentrée : un mélange total d'excitation, de peur et de stress. Parce que la dimension scénique dans le parcours d'un chanteur c'est important, cette connexion avec le public, d'entrer en résonance avec les gens, alors on se demande toujours si ces gens auxquels on s'adresse seront présent aux concerts.  C'est angoissant et en même c'est un challenge. C'est passionnant. 

 

https://www.youtube.com/watch?v=dObPTEsnv-0&fbclid=IwAR2tMefNFXSucRYZsWXzkqZWBPsMYrMiME1670MX-f7v-Q5M0fHL5g5K2dw 

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