Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La revue de l'imaginaire
23 décembre 2019

« Urgence de vous », du Gabon à la Russie : Jann Halexander et Veronika Bulycheva chantent l'amour et l'exil

 

 

Jann et Veronika 1

C’est un spectacle singulier que nous avons eu l’honneur de voir pour sa première à Paris en mai dernier : un pont bâti entre ces deux pays. Avec grâce et légèreté, les deux chanteurs défient les clichés. Après quelques dates à Paris en novembre, ils ont commencé une tournée nationale qui dépasse un peu les frontières puisqu’une date est également prévue en Belgique. Interview croisée.

 

Jann et Veronika : comment vous êtes-vous rencontrés ?

Jann : Alors c'est un peu vague. Je cherchais une première partie ou un co-plateau pour un spectacle en province en 2017, c'était le spectacle 'A Vous Dirais-Je' que j'avais présenté à Bordeaux, Lille, Paris, Aix et pour Rouen, je ne me voyais pas être tout seul sur l'affiche. J'avais mis une annonce sur internet, je n'avais pas répondu tout de suite, entre temps j'avais trouvé quelqu'un d'autre (une catastrophe...). Voulant de nouveau chanter à Rouen et ayant gardé son contact, je lui ai écrit. Puis nous avons discuté au téléphone pendant une heure dès la première fois. Et avant de penser à Rouen, nous avons pensé à Paris.

Veronika : En 2016 j’étais dans une situation de l’arrêt d’un cycle de la vie et j’étais disposée à rencontrer quelqu’un pour collaborer, j’ai donc jeté une bouteille à la mer et Jann l’a trouvée. Je ne savais pas que Jann avait des origines africaines, son nom, ni sa musique ne l’évoquait pas. Lors de notre premier rdv qu’on s’est donné par mail en juin 2017 dans un bar parisien j’étais froissée de constater qu’il était noir…

Jann : Que connaissais-tu de la Russie ?

Jann : La Russie est immense, je connais Moscou car mon père y a travaillé. Et pour beaucoup de russes, Moscou n'est pas la Russie. C'est un pays très intéressant, avec une histoire sombre, violente, complexe. La société russe a une forme de violence également. Mais je dirais que c'est un pays intriguant.  Je me souviens des rues très larges, des immeubles très hauts, la beauté du métro. Et avant, de la Russie, je ne connaissais que Lénine, la Place Rouge, Staline, Tchaïkovski, la Guerre Froide, des choses assez banales finalement.

 

Veronika : que connaissais-tu du Gabon ?

Veronika : Je savais qu’il existait un pays d’Afrique comme Gabon, mais pas plus. C’est en discutant avec Jann, pendant nos répétitions, que je découvrais petit à petit les spécificités de ce pays. Surtout, j’étais surprise du niveau élevé du français de Jann. Pour mon grand étonnement, quand je lui ai demandé de chanter l’hymne gabonais il l’a fait en français car c’est la langue officielle du pays !

 

Jann et Veronika : il y a beaucoup de mise en scène, ce qui est assez inédit pour un spectacle de chansons, comment avez-vous préparé ce concert singulier, cela a-t-il pris beaucoup de temps ?

 

Jann : Beaucoup de temps. Nous avons commencé à travailler dessus en juillet 2018. La première a eu lieu le 16 mai 2019. Dix mois. C'est un show. On change de costume, Veronika change de coiffure, joue plusieurs instruments, je chante au piano, je chante accompagné à la guitare par Veronika, je me mets à l'opéra le temps d'une chanson, il y a des moments parlés, on entraîne le public aussi sur un titre, voilà, c'est du théâtre musical. Le 10 novembre au Théâtre du Gouvernail, à Paris, des afro-américains de New York étaient venus assister au spectacle, ils ne comprenaient pas tout mais disaient que c'était du pur entertainment et ils avaient grandement apprécié.

 

Veronika : Comme tout artiste je cherche à créer quelque chose de nouveau. On a mis du temps, moi et Jann, pour s’apprivoiser avant de se mettre à l’écriture du scénario que j’ai élaboré d’après nos conversations dans la cuisine de Jann autour d’un pot de café qu’il me préparait soigneusement avant mon arrivée. Chacun d’entre nous a proposé les chansons représentatives de soi, les mettant en alternance. Dans un climat de respect mutuel et avec beaucoup de plaisir nous avons travaillé 8 mois en se voyant régulièrement.

 

 

Jann et Veronika 2

 Jann et Veronika : avez-vous envie de porter ce spectacle jusqu’au Gabon et en Russie ? Et si oui serait-ce selon vous possible de le porter tel quel ?

 

Jann : Je souhaite évidemment le porter au Gabon,  en Russie, au Canada, dans le monde anglophone. Je pense qu'en fonction des pays, il peut y avoir des arrangements, des ajustements c'est normal mais la trame reste la même : l'un et l'autre se découvrent, se parlent, se confient et décident de construire un chemin ensemble. Et mon plus grand souhait est que dans dix ans, des artistes reprennent nos rôles et s'approprient le spectacle. Il nous dépasse, il dépasse le Gabon, la Russie. Je l'ai vraiment réalisé à Nantes quand des gens venaient nous en parler avec beaucoup d'émotion.  L'amour du public n'est pas une vue de l'esprit.

Veronika : Depuis longtemps j’ai envie de découvrir le continent africain, non seulement comme touriste, mais surtout y présenter mon chant typiquement russe et recevoir le retour. D’après moi, au Gabon comme dans d’autres pays d’Afrique, les gens ne connaissent pas la vie des russes en Russie.

Concernant notre spectacle avec Jann, qui se positionne en tant que français par sa musique il serait compliqué et/ou prématuré de le jouer en Russie tel qu’il est. Les russes ne sont pas au courant des conséquences de la colonisation des pays d’Afrique par la France. Ils rêvent encore de la France de d’Artagnan et d’Edith Piaf…

 

 

Jann et Veronika : quel est votre rapport à vous deux à la chanson française et à la chanson en général ?

Jann : Je crois qu'on ne peut pas penser la francophonie sans la chanson française, sans toutes ces personnalités qui ont magnifié la langue française, qui l'ont chanté, avec des musiques très belles, inoubliables. On doit même parler de chanson francophone, maintenant, je pense à Félix Leclerc au Canada, Pierre Akendengué au Gabon. Cela dépasse l'hexagone, il suffit d'écouter les chansons de Veronika pour s'en rendre compte.

 

Veronika : La chanson est un mode de communication. Je compose la musique sur des poèmes des auteurs différents depuis l’âge de 12 ans. La musique donne des ailes aux paroles : la mélodie se marie avec la poésie et ne font qu’un. Que ce soit du russe ou du français, portugais ou anglais, la chanson est une entité (mélodie + paroles) qui peut être interprétée par une seule personne et accompagnée d’un seul instrument.

 

Teaser URGENCE DE VOUS / Jann Halexander & Veronika Bulycheva

 

Merci à vous deux !

Prochaines dates :

23 janvier - Rouen
8 février - Roanne
9 février - Villefranche sur Saône

 

Publicité
Publicité
Commentaires
La revue de l'imaginaire
Publicité
Archives
Publicité