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La revue de l'imaginaire
20 novembre 2019

Le projet Marius baroudeur intercontinental, interview de l'illustratrice Audrey Croharé

Audrey, son atlas et sa fresque regroupant les animaux de l'atlas

 

Bonjour Audrey,

Tu es à l’origine du projet et des illustrations de Marius, baroudeur intercontinental. De quoi s’agit-il exactement ?

Il s’agit d’un livre jeunesse nous parlant de biodiversité et surtout des menaces qui pèsent sur moultes animaux. Le but est de faire réaliser aux lecteurs enfants et parents que des solutions pour protéger la biodiversité existent. 

Le sujet est certes difficile et triste, mais le livre apporte beaucoup d’espoir grâce aux textes de Cécile pleins d’humour.

 

C’était important pour toi de mêler illustrations et écologie ?

Oui ça l’est devenu. Ca n’a pas toujours été le cas. J’ai toujours aimé dessiner des animaux sans pour autant y associer un message écologique. Je crois que j’ai toujours été émerveillée par la nature.

Il est vrai qu’il y a 15 ans un ami avait fait appel à moi pour créer un univers animalier afin de parler écologie sur un projet de dessin animé. Mais à l’époque je ne me rendais pas compte de l’urgence écologique.

 

Tu as fait appel à Cécile Goguely pour les textes, était-ce votre première collaboration ?

J’ai toujours aimé les textes de Cécile tant ses nouvelles que les textes de ses chansons.

Du coup nous avons collaboré sur son CD “Un pingouin dans la jungle”. J’ai fait le livret et le graphisme du CD.

Et nous avons il y a 1 an réalisé un audio-book/vidéo à voir sur youtube : “Le sélénite”

 

As-tu envie de développer Marius sur d’autres supports que cet atlas ?

Oui j’ai des petites idées de Jeux Vidéo, voir une mini-série d’animation. On va aussi essayer de créer une petite appli gratuite avec le livre. L’idée n’est pas encore figée et surtout peut-être pas si facile que ça à réaliser...

Cécile a suggéré de créer un livre sur chacun des personnages du livre, c’est une idée assez sympa.

On peut peut-être aussi tristement imaginer différents atlas organisés par espèce animalière. Batraciens, reptiles, mammifères ….

 

Question philosophique à présent : l’art peut-il influencer sur les mentalités voire les pratiques ?

Personnellement je crois beaucoup que l’art est une des clés pour nous faire avancer. Nous sommes tous abreuvés d’imaginaires Hollywoodiens très centrés sur l’apocalypse ou l’homme domptant la nature. Sur les gros films à énorme budget, peu d’entre eux parle d’écologie ? Peut être Avatar ? ...Mais sur l’énorme quantité de blockbusters, très peu parlent de la nature.

Des films comme les dents de la mer véhiculent une image si négative des requins que leur extermination n’émeut personne. 

Je n’ai pas encore lu le roman de A. Damasio “Les furtifs”, mais après l’avoir écouté décrire son livre, j’imagine que ce genre de roman peut nous aider à sortir de notre imaginaire cyberpunk développé dans beaucoup de SF pour retourner vers un imaginaire plus en symbiose avec la nature. Arrêter ce fantasme: la technologie nous sauvera.

P. Servigne dans son livre “l’entraide, l’autre loi de la jungle” parle beaucoup de ce changement d’imaginaire. Notamment en cessant de croire que la nature c’est la loi du plus fort. On sait maintenant que les arbres se transfèrent des nutriments par le biais de champignons souterrains. L’entraide est donc un des imaginaires à retravailler. 

Je me suis aussi souvent demandé l’impact qu’a eu le film “Demain” de Cyril Dion ? Est-ce que les comportements ont changé ? Y a-t-il eu une prise de conscience ?

J’ai regardé la série “our planet” et personnellement voir la beauté de la nature à travers ce genre de série documentaire me motive à la protéger.

 

Le fait d’avoir des enfants a-t-il fait évoluer tes dessins et tes projets ?

Je pense que le fait d’avoir des enfants nous transforme profondément notamment sur les priorités de notre vie. Donc oui ça m’a pas mal changée. Je me suis vraiment demandé le but du travail et comment lutter dans ce monde.

Pas sûr que mes dessins aient tant évolué que ça car il est dur de trouver du temps pour soi quand on est parent…

A bien y réfléchir je pense que beaucoup de changements se sont opérés en moi dès ma grossesse. J’ai été en congé maladie très tôt et j’ai eu énormément de temps pour moi. Du temps pour lire, pour flâner, pour réfléchir : ça ne m'était je crois jamais arrivé. Et ça a été l’occasion de faire un point et un constat sur l’aliénation totale où nous amène le néolibéralisme. 

J’ai été aussi traversée par des angoisses sur le futur de nos enfants dans un monde très chaotique. 

 

Tu es depuis trois ans installée en Suède, tu avais déjà l’idée de ce projet avant. Qu’est-ce que ce changement de paysage a changé dans l’élaboration du projet ?

C’est un peu les hasards de la vie. On voulait quitter Paris, car on ne se voyait pas élever un enfant là-bas voire en France car on ne supportait plus les entreprises françaises. Le management en France est horrible, on a une très mauvaise réputation à l’internationale. L’opportunité Suède est arrivée du coup on y est allés. Les potes nous ont trouvé un peu fous car notre fille n’avait que 3 mois quand on a déménagé…

Le changement de pays m’a donné du temps et m’a appris la lenteur. J’ai eu le temps de réfléchir, de parler du projet à une amie et à mon compagnon qui m’ont poussé à le réaliser. On vit aussi pas loin de l’eau, perso ça me relaxe et la ville de Malmö est très engagée dans la transition écologique du coup je ne me suis pas sentie complètement à l’ouest quand je parlais biodiversité, écologie, végétarisme… Beaucoup de mes proches ici bossent ou ont fait des thèses sur le climat, la biodiversité, les fermes urbaines,....

Le fait aussi de vivre dans ce pays très centré sur la techno et les applis, pour le meilleur et pour le pire, m’a donnée envie de lier le livre à une appli.

Sais-tu déjà ce que tu auras envie de dessiner après Marius ?

Faut que je bosse sur un des audio-book/vidéo de Cécile. Puis j’aimerais beaucoup illustrer sa nouvelle: L’ombre d’un seul homme.. 

Je participerai également à une installation parlant de la pollution des mégots de clopes. J’imaginais faire des tableaux un peu pixel art avec des mégots trouvés dans les parcs.

J’ai en tête depuis longtemps un projet sur les migrants. J’en ai parlé à une amie syrienne qui m’a vivement encouragée à le faire. Récolter des témoignages et les associer à des toiles. Que les gens comprennent la souffrance que cela peut être de quitter son pays, pour fuir une guerre ou car l’eau vient à manquer ou que toutes les infrastructures étatiques se sont effondrées ou …

Un jour, quand je serai prête pour cela, j'essaierai de faire une BD autobiographique centrée sur mon épilepsie

Où peut-on suivre la progression du projet « Marius, baroudeur intercontinental », puis acheter l’atlas de ses aventures ?

Pour le moment nous avons mis en place une page facebook : https://www.facebook.com/Marius.baroudeur.intercontinental/et un compte instagram https://www.instagram.com/marius_baroudeur/

Nous espérons créer une communauté autour du projet et, à terme, mettre en place une campagne de crowdfunding pour éditer le projet ou tout simplement trouver un éditeur intéressé par la thématique.

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